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Lorsque l’on évoque la pollution de l’air, on pense immédiatement à l’impact de l’air extérieur sur la santé, et pourtant, la qualité de l’air que l’on respire à l’intérieur de son logement est tout aussi nocive, sinon plus !
Gardons à l’esprit que si l’air extérieur est pollué, il y a peu de chance que l’air intérieur soit de meilleure qualité. Bien au contraire, c’est souvent l’inverse qui se produit. L’observatoire de la Qualité de l’Air Intérieur (OQAI) a testé jusqu’à 10 fois plus de composés organiques volatils (COV) à l’intérieur d’un logement qu’à l’extérieur. En d’autres termes, si l’air extérieur est pollué, l’air intérieur l’est encore bien davantage ! Les personnes sensibles à la pollution intérieure en sont les premières victimes. Cela se traduit par un sentiment d’inconfort, des irritations (yeux et gorge), des nausées, et pour les personnes asthmatiques, des crises d’asthme plus fréquentes.
Alors que faire ? Car il ne s’agit pas ici uniquement de l’air que l’on respire chez soi, dans son logement, mais bien de tous les lieux fermés dans lesquels on passe un peu de temps quotidiennement. Il peut s’agir de magasins, de bureaux, et même dans une certaine mesure de sa voiture si l’on y passe plusieurs heures par jour. Faut-il encore se rendre compte que l’air intérieur que l’on respire est pollué ! Bien souvent, nous sommes tellement conditionnés par l’air que nous respirons qu’il est difficile d’évaluer soi-même la qualité de l’air. Et pourtant, il s’agit d’une pollution invisible et en apparence indolore, que l’on retrouve presque partout dans la maison : sur les meubles, dans le dispositif d’isolation (intérieure comme extérieure), dans les colles, les peintures, les produits d’entretien, etc… Bref, un peu partout dans la maison.
Commençons par faire un point sur les polluants volatils qui nous entourent et voyons ensuite quelles sont les solutions qui existent pour réduire l’empreinte de ces polluants sur notre quotidien.
Une prise de conscience
C’est à partir des années 70 et 80 que les premières questions liées à la pollution intérieure font surface, entraînant des études de fond sur les effets de cette dernière sur notre santé. Dans les années 90, c’est la peinture au plomb qui disparaît des rayons (en 1993) et précède le scandale de l’amiante qui fait date dans la lutte contre la pollution intérieure. Le grand public découvre alors que le plomb contenu dans les peintures peut endommager le système nerveux central et entraîner de l’anémie.
Les études se multiplient dans les années 2000 et pointent du doigt les polluants de l’air intérieur qui sont responsables de la mort de près de 20 000 Français par an. Parmi ces composés, le trichloréthylène à qui l’on impute les cancers du rein, ou encore le rôle des particules dans l’air responsables de maladies cardiovasculaires, et le phtalate contenu dans le plastique qui entraîne des troubles de la fertilité. Certaines substances comme le formaldéhyde, très présent dans les produits de construction, de décoration et d’entretien, sont même identifiées comme cancérogènes.
Enfin, même la traditionnelle poussière de maison n’est pas exempte de responsabilité sur notre santé. Inhalée, elle contient des particules fines comme des allergènes émises par les matériaux de type laine de verre ou encore le chanvre, qui représentent un danger réel pour notre santé.
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Éviter les sources de pollution : choisir sa literie, son sommier, ses meubles
Rappelons tout d’abord qu’entre les heures de nuit et de jour, nous passons en moyenne près de 14h dans notre logement ! Il convient donc d’examiner en priorité les objets qui nous entourent.
Tour d’horizon des polluants volatils qui composent notre quotidien.
La literie contient des substances que vous pouvez inhaler en dormant. Ainsi, le matelas et le sommier contiennent des COV, des acariens, et dans certains cas même des retardateurs de flammes aux émanations toxiques. Privilégiez dès lors une literie composée d’une housse antiacarienne intégrale et si votre sommier est en latte, vérifiez la provenance du bois et de ses finitions. Tournez-vous, si vous le pouvez, vers une fabrication française locale, garante du respect des normes environnementales en vigueur. C’est par exemple le cas du sommier Kipli fabriqué en France qui en est un parfait exemple, avec un bois issu de forêts responsables FSC et des finitions qui ne dégagent aucune substance toxique.
En détails :
- Les matelas : les matelas, les oreillers, et le linge de lit peuvent contenir des substances toxiques pour la santé. C’est d’autant plus grave que nous passons environ le tiers de notre vie à dormir et que notre exposition à ces substances est donc prolongée. Si, pour les adultes, cette forme de pollution est indésirable, elle est encore plus inquiétante pour les nourrissons et les enfants qui passent entre 10 et 15 heures par jour à dormir. À un âge où le développement du corps doit se faire dans les meilleures conditions possibles, la présence de ces substances est particulièrement indésirable et dangereuse. Une solution relativement efficace pour éviter d’être en contact direct avec le matelas et ses substances nocives est le protège-matelas. En savoir plus.
- Les meubles : ils sont statiques, n’ont pas l’apparence de polluants et pourtant ils contiennent parfois plusieurs dizaines de substances nocives pour la santé. C’est l’Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail) qui sans son rapport d’expertise en 2015 recommande l’étiquetage des produits d’ameublement afin d’alerter les consommateurs sur les dangers que peuvent représenter les substances de produits d’ameublement. L’Anses identifie ainsi dans son rapport la présence de 31 composés volatils dangereux dans la literie. Il s’agit pour l’essentiel de polluants classés dans la catégorie des cancérogènes, parmi lesquels les matériaux qui composent les produits d’ameublement tels que le benzène ou le formaldéhyde, ou encore les polluants volatils comme l’acétaldéhyde. Bien entendu on note également la présence de substances toxiques présentes dans les colles, les mousses de polyuréthane et de latex, les traitements du cuir, les plastiques, les métaux, et même le bois.
- La moquette : on savait déjà que la moquette est un nid à acariens, on sait désormais depuis quelques années, et notamment grâce au magazine Que Choisir, que la moquette est également un revêtement synthétique très nocif pour la santé. En effet, la moquette renferme des substances chimiques aux effets neurologiques qui affectent les capacités de reproduction (fertilité). Elle contient notamment des doses élevées de formaldéhyde, un gaz que l’on retrouve dans la catégorie des cancérogènes.
- Les produits d’entretien / produits ménagers : la pollution de l’air intérieur augmente mécaniquement avec l’utilisation de produits d’entretien de type aérosols, désodorisants, décapants (four), désinfectants, dégraissants, qui émettent un cocktail de COV très néfaste pour la santé. On note la présence du formaldéhyde (et dans une moindre mesure d’acétaldéhyde) dans plus de 90% des aérosols testés, d’après le CIRC (Centre international de recherche sur le cancer).
Les conséquences sur notre santé
Les conséquences de la pollution intérieure sur notre santé sont importantes, avec des effets immédiats et relativement peu dangereux comme l’irritation du nez et de la gorge, mais aussi des effets à plus long terme entraînant des maladies sérieuses comme des problèmes de stérilité, les infarctus du myocarde, les cancers ou les maladies chroniques. De nombreux facteurs viennent accentuer les problèmes de santé et dépendent du type de polluants en question, de la durée d’exposition du sujet aux polluants, de sa santé, et son âge.
En France, et selon les experts, la pollution de l’air entraînerait la diminution de notre espérance de vie d’environ 10 mois !
Les solutions pour éviter la pollution de l’air intérieur
Des comportements et gestes à adopter au quotidien
Selon certaines personnes, une bonne isolation intérieure et extérieure permettrait de freiner la pollution intérieure. Faisons tout de suite tomber ce mythe. L’argument selon lequel une maison bien isolée est moins polluante est incorrect. C’est en réalité tout le contraire. Une maison bien isolée emprisonne l’air intérieur, elle ne l’assainit pas. Certes, c’est un point positif pour votre facture énergétique, mais c’est moins intéressant pour le renouvellement de l’air intérieur. Quelques conseils :
Ventiler pour renouveler l’air
Cela tombe sous le sens mais un logement qui n’est pas un aéré c’est un logement où s’accumulent les poussières et les polluants. C’est encore plus vrai en hiver lorsque l’on rechigne à ouvrir les fenêtres car il fait froid. Faire circuler l’air est toutefois essentiel pour évacuer les fines particules de poussières présentes dans un logement. Cette circulation peut se faire en ouvrant les fenêtres au minimum 10 minutes par jour, et en installant une VMC dans son logement. Il faudra d’ailleurs veiller à bien entretenir régulièrement son système de ventilation pour qu’il conserve toute son efficacité.
En complément de l’aération, l’assainissement de l’air à l’aide de purificateurs d’air est également un bon point pour la santé. Un purificateur d’air permet de filtrer les bactéries présentes dans l’air tout en éliminant les odeurs désagréables dans un logement. Il permet de réduire de manière drastique les risques de contagion et de maladies au sein de son foyer. Vous pouvez également utiliser un diffuseur d’huiles essentielles biologiques pour masquer les odeurs désagréables et par la même assainir l’air ambiant (l’huile essentielle de lavande est d’ailleurs particulièrement recommandée).
Chassez l’humidité
Évacuez l’humidité pour éviter le développement de bactéries et de champignons. Vérifiez l’état de vos murs et, en cas d’infiltrations, revoyez en profondeur l’étanchéité de votre logement. Vous pouvez également faire l’acquisition d’un déshumidificateur ou humidificateur d’air. Il vous permettra de réduire le taux d’humidité présent dans votre logement tout en absorbant les mauvaises odeurs. En prévenant le développement des moisissures et des acariens, il permettra également de lutter contre la propagation des allergies.
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Soyez vigilants
Qu’il s’agisse de produits d’entretien, de nettoyage ou de produits cosmétiques, il est nécessaire de prendre l’habitude de bien lire les étiquettes au dos des produits et de choisir en fonction du nombre de polluants présents dans ce dernier. Évitez par exemple les désodorisants et parfums d’ambiance, bourrés de composés organiques volatiles (COV). Vous retrouverez d’ailleurs l’étiquette COV qui signale le niveau d’émissions en composés organiques volatils mais aussi des pictogrammes très explicites qui signalent le degré de dangerosité du produit. Privilégiez enfin les écolabels européens (ou NF Ameublement) qui garantissent le respect des normes environnementales européennes et un niveau d’exigence élevé en termes d’impact sur la santé.
Si l’on souhaite être sûr du produit que l’on utilise, une autre alternative possible consiste à le fabriquer soi-même. Il existe moult tutoriels en ligne pour fabriquer son propre savon, détergent vaisselle, mais également sa lessive, le tout avec des matières premières naturelles comme le vinaigre blanc, les cristaux de soude, l’argile, le bicarbonate de soude. C’est très économique et sans risque pour la santé, pourquoi s’en priver ?
Fumeurs ? Prenez de bonnes habitudes
Évitez de fumer sur le pas de porte, près d’une fenêtre, ou encore près d’une chambre. Éloignez-vous le plus possible de votre lieu d’habitation.
En conclusion
L’exposition aux polluants ou composés organiques volatils (COV) varie grandement en fonction de son lieu de vie. Selon que l’on habite en campagne ou en ville, dans une région à forte activité industrielle ou non, qu’il s’agisse d’un enfant, d’une personne âgée ou d’une femme enceinte, l’impact de la pollution sur notre santé peut être plus ou moins important. D’autre part, certaines catégories de personnes sont également plus vulnérables à la pollution intérieure que d’autres, telles que les personnes naturellement allergiques aux poussières ou les personnes asthmatiques, cardiaques, et d’une manière générale tout individu fragile des bronches.
Toutes ces catégories de personnes connaissent une résistance plus faible aux composés organiques volatils que les autres. La solution ? La vigilance, avec un changement radical de nos comportements de consommation. Il est plus que jamais nécessaire d’apprendre à consommer plus intelligemment et prendre les mesures qui permettront d’assainir l’air au sein de son logement. Nous avons donné quelques exemples ci-dessus avec les purificateurs d’air et les humidificateurs d’air qui vont de pair avec un système de ventilation efficace, et l’emploi de meubles, sommiers ou matelas aux normes. Mais c’est aussi une question d’habitudes et de réflexes à adopter au quotidien pour mieux faire circuler l’air dans l’habitat.
Et de votre côté, comment faites-vous pour réduire l’impact de la pollution intérieure dans votre logement ? Dites-nous tout dans les commentaires ci-dessous.